Quand consulter?
- Lilya Hamlin
- 14 juin 2020
- 6 min de lecture
Dernière mise à jour : 31 mars 2021
Un psy pour qui et pour quoi ?
Plus personne aujourd’hui ne peut ignorer ce recours. Petit chagrin ou dépression profonde, vient inexorablement le moment où l’on s’interroge : “Et si j’y allais ?” Mais gare aux excès, les psys ne sont pas des magiciens. C’est en nous que sont les réponses.
Il y a quelques années, un éboulement s’est produit dans les Alpes suisses. Immédiatement, on a dépêché une équipe de psys d’urgence. En les voyant arriver, les paysans se sont terrés chez eux. Interloqués, les psys se sont adressés au curé du village pour comprendre pourquoi ses ouailles ne voulaient pas leur parler. “Quand quelqu’un va mal, a répondu le curé, je m’assieds à côté de lui et je ne dis rien.” » Avec cette histoire, c’est l’excès thérapeutique que François Roustang, hypnothérapeute, entend dénoncer. « La réaction des paysans était pleine de bon sens, argumente-t-il. Ils savaient qu’il leur faudrait pleurer leurs morts, avec ou sans psys. »
A une époque où la souffrance morale fait souvent figure d’injustice, il semblerait que l’on en appelle aux psys chaque fois qu’un nuage apparaît dans notre ciel. Cela vaut évidemment pour ce qui relève de la pathologie (dépressions majeures, troubles psychotiques, phobies…), mais aussi, et c’est ce qui est nouveau, pour les chagrins ou les angoisses plus « ordinaires », liés aux ruptures, au chômage… Comme si ces expériences et ces épreuves n’étaient pas « normales » et nécessitaient l’intervention de professionnels pour pouvoir être supportées. La thérapie, pour trouver le sens de sa vie En trente ans de métier, le psychanalyste Jean-Marie Jadin a été le témoin de la banalisation progressive de l’accompagnement thérapeutique. « J’ai vu le glissement d’une demande fondée sur un symptôme vers une demande émanant de sujets moins malades que malheureux, explique-t-il. Aujourd’hui, on consulte de plus en plus pour un malaise existentiel diffus, avec le souci de mieux se connaître pour reprendre sa vie en main. » Une évolution qui signe la démocratisation de la culture psy, admet le psychanalyste, mais surtout « un croissant malaise lié à la “technicisation” de la société dans laquelle nous vivons ». « Je me sens vide », tels sont les mots que la psychothérapeute Rauda Jamis entend le plus fréquemment dans la bouche de ses patients. « Ils ont le sentiment de ne plus s’appartenir, d’étouffer dans un cadre trop contraignant, d’être sur des rails dont ils ne peuvent plus s’échapper », constate-t-elle. Ecrasés par la vitesse et les impératifs de rentabilité, en mal de repères mais aussi de liens sociaux, nombreux sont ceux qui se tournent vers les psys comme on cherche une épaule pour être réconforté, un mentor pour redonner un sens à son existence. Consulter n’est (presque) plus un tabou, tant mieux. « Mais on est en passe de tomber dans l’excès inverse », estime le psychanalyste Philippe Grimbert. C’est-à-dire de pousser à la consommation de soins psychologiques alors qu’ils ne sont pas toujours nécessaires. Comme si les thérapies pouvaient – et devaient – tout résoudre. Comme si l’on ne pouvait plus s’en sortir autrement. Quand consulter ? « Jamais je ne serais allée voir un psy si, autour de moi, mes amis ne m’avaient pas parlé de leur thérapie ou analyse comme d’un passage obligé pour mieux se connaître, raconte Carole, 36 ans. A les entendre, j’avais l’impression de passer à côté de quelque chose de majeur. Tout allait plutôt bien dans ma vie, mais j’ai eu l’envie d’en savoir plus sur moi. J’ai commencé une analyse, que j’ai “lâchée” au bout de six mois, je m’ennuyais trop à m’entendre raconter des banalités… Je remettrai peut-être ça si je traverse un jour quelque chose de douloureux, mais seulement dans ce cas-là. » Faut-il souffrir pour se pencher sur son histoire dans le cadre d’une analyse ou d’une psychothérapie ? Comment savoir si telle ou telle difficulté ne pourrait être résolue avec un psy ? Y a-t-il de bons et de mauvais motifs de consultation ? « On ne peut pas dire les choses comme ça, nuance la psychiatre et thérapeute familiale Sylvie Angel. Ce n’est pas la nature de l’épreuve que l’on traverse qui détermine si l’on doit ou non consulter, mais plutôt la manière dont on la ressent. » Le sentiment d’être bloqué, d’être submergé par une émotion ou un fonctionnement invalidant, et de ne plus avoir les ressources pour aller mieux sont des indicateurs sérieux qui peuvent plaider en faveur d’une démarche thérapeutique. Mais les psys peuvent également être sollicités pour un conseil ponctuel. « Un papa qui se demande comment préparer ses enfants au divorce, une maman qui s’inquiète de ce que sa fille adoptive cherche un jour à renouer avec sa mère biologique… : le travail du psy s’assimile alors davantage à de la guidance, indique encore Sylvie Angel. Parfois, mon intervention se limite à une séance qui permet simplement de constater que tout va bien et tout le monde repart rassuré. Il faut cesser de croire qu’il ne faut aller voir le psy que si la situation est grave, ou que l’on en prend forcément pour dix ans. » D’autres voies pour changer ? Tous les psys interrogés sont formels : la psychothérapie – quelle que soit celle que l’on choisit – n’est pas la seule bonne réponse aux difficultés que nous rencontrons dans l’existence. « Un bon antidépresseur, une activité sportive ou un voyage sont parfois plus efficaces que des années de divan », avance Philippe Grimbert, un brin provocateur. « La tendance actuelle voit le développement d’une introspection, d’un souci de soi qui n’apporte pas que du bon », renchérit François Roustang. « J’ai passé ces quatre dernières années en analyse, confie Anne, 31 ans. Ça m’a fait du bien dans le sens où j’ai pu crever des abcès, exprimer le chagrin qui m’étouffait, formuler les désirs que l’on ne m’autorisait pas à avoir. Mais j’ai aussi le sentiment d’avoir perdu beaucoup de temps à parler plutôt qu’à agir. Il y a un moment où le discours que je tenais sur ma vie est devenu plus important que ma vie elle-même. » Pour François Roustang, « dans bien des cas, ce retour sur le passé enferme le sujet dans le narcissisme et dans la plainte : il accuse son enfance, ses parents, sa vie, et se détourne de sa propre capacité à changer ». Or, l’unique question de la thérapie ne devrait pas être « Pourquoi c’est arrivé ? », mais « Comment, aujourd’hui, pourrais-je aller mieux ? » Comme François Roustang, Rauda Jamis déplore que trop de psys, « en particulier les psychanalystes », laissent leurs patients s’engluer dans la dissection de leurs maux. « Ce qui est véritablement thérapeutique, indique-t-elle, c’est de réintroduire du plaisir dans une existence qui en a perdu la saveur. » Comme consacrer une demi-heure par jour à une activité qui nous fait vraiment envie – marcher, chanter – ou se faire masser de temps à autre.
Tant mieux si le psy est là pour suggérer, guider, encourager, autoriser. Mais, en définitive, c’est au patient de bousculer ses habitudes pour se remettre en mouvement. « La seule façon de changer, résume François Roustang, c’est de… changer. » C’est aussi simple et aussi compliqué que cela.
Ils sont partout ! A la maternité, ils préviennent le "bébé blues" ; s’assurent, à la crèche, de notre bon développement psychomoteur ; s’attachent, à l’école, à stimuler notre désir d’apprendre ; amortissent les révoltes de notre adolescence ; nous coachent en entreprise ; nous apprennent à mieux communiquer avec notre conjoint ; nous rééduquent en prison ; nous accompagnent vers la mort…
Ils sont sur le terrain quand la terre tremble, au bout du téléphone quand l’angoisse nous saisit, sur Internet quand la solitude nous guette. Mais aussi à la RATP pour épauler les conducteurs, au ministère de l’Intérieur pour soulager les policiers, à la télé pour consoler les "soupirantes" éconduites de Greg le millionnaire. Et chez Mattel pour regarder nos enfants jouer, chez Lesieur pour mieux connaître nos goûts, chez Peugeot pour inventer la voiture de nos rêves.
Il peut vous arriver, comme tout le monde, de vivre des moments ou des épreuves difficiles à surmonter. Souvent, vos proches vous apportent le soutien nécessaire pour vous aider à faire face à ces difficultés.
Or, certaines situations demandent une aide plus importante : lorsque la position de détresse dans laquelle vous vous trouvez ne s’améliore pas, que les ressources autour de vous se révèlent insuffisantes, que les épreuves rencontrées vous empêchent d’accomplir votre travail et affectent votre vie personnelle, une aide professionnelle peut être nécessaire.
Voici quelques exemples de cas où nous vous suggérons de consulter un psychologue :
Vous avez perdu l’intérêt pour vos activités préférées, vous ressentez une grande fatigue, vous avez perdu l’appétit, vous ressentez un vide, une grande tristesse.
Vous avez un problème de santé chronique et vous cherchez à apprendre à vivre avec la maladie.
Vous êtes en instance de divorce et devez déterminer les paramètres de la garde des enfants.
Votre enfant présente des difficultés d’apprentissage et vous croyez qu’il présente des symptômes de déficit d’attention.
Vous envisagez une restructuration organisationnelle au travail et désirez assurer une transition harmonieuse pour chacun.
Votre conjoint a fait une commotion cérébrale à la suite d’une chute en ski et vous vous inquiétez à son sujet.
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